mercredi 15 juin 2016

La maison où j'ai grandi



De la maison où j’ai grandi, tout est écrit …

Du grand balcon, presque une terrasse, même, je m’adressais à la montagne enneigée qui me faisait face.

Je lui parlais, je lui racontais tout.
Et elle me répondait.

Quel enchantement, ces belles histoires d’alpinistes vainqueurs des cimes !

Quelquefois la montagne leur donnait un coup de main, les protégeant d’un blizzard meurtrier par une opportune paroi.

Quelquefois au contraire, elle s’amusait d’une corniche si solide d’aspect qui se brisait net entre des doigts crispés. Et le conquérant de l’inutile, tel un Icare privé de ses ailes, s’abîmait dans une chute sans fin.

Je sentais bien qu’en comparaison, mes péripéties enfantines faisaient bien pâle figure. Que pourrait lui importer le pauvre destin d’un canari croqué par le chat.

Alors, pour l‘épater, je lui ai relaté comment j’ai étranglé le chat.

Peine perdue. Elle est restée de glace.

Alors, j’ai étranglé mon petit frère et lui ai narré l’affaire sans négliger aucun détail. J’en ai même inventé quelques uns.

En fait, ce sont surtout les policiers qui ont été emballés par mon récit. Ils m’ont interrogé sans relâche. Ils étaient vraiment très intéressés. Ils voulaient tout savoir. Et pourquoi ? Et comment ?

Ils ont tout écrit, ici même, de cette maison où j’ai grandi.


( C) Monique THOMIERES  -  2015

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