jeudi 16 juin 2016

La maison et les nouveaux venus



Il fallait un certain temps à la maison pour phagocyter les nouveaux venus, ceux qui venaient de l’autoroute, ou ceux qui arrivaient à pied, épuisés par la poussière de la piste, et de nouveau un certain temps pour les vomir sur la terrasse en string et bermuda plus serviettes, avachis sur les transats éblouissants de bancheur, sans défense face au bleu dur de la piscine prête à les avaler de son chlore.

Laissant derrière elle sa parka et son treillis, l’ex-agente du KGB reconvertie en paparazza se glissa sous un buisson de pyracantha pour espionner la vedette internationale qui cherchait les points noirs au Clooney de service.

Devant la difficulté du sujet, elle devenait très nerveuse, ses gestes saccadés faisaient trembler l’objectif de son appareil photo miniature ultra-secret.

Ah ! Comme elle haïssait ce jardin artificiel, où tout le mobilier puait l’argent facile, cette maison absurde où défilaient tous les parasites du festival à la recherche de fêtes dérisoires.

On pourrait croire que c’était facile de chasser le cliché, mais à mesure que la soirée passait, notre journaliste se désespérait : finalement, elle regrettait l’Afghanistan.


(C) Jeanne VIDEAU  -  Novembre 2015

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