vendredi 31 octobre 2014

La liberté ou l'amidon

Vladimir Kush  -  Wind


Il n’y a pas d’heure pour s’envoler, mais pour moi, c’était maintenant ou jamais.

Une dernière fois, j’ai supporté la lessive. Au savon noir. Sans adoucissant au rinçage.

Alors, pensez, la torture rituelle du repassage au fer trop chaud, pour écraser la moindre de mes expressions, le supplice de l’amidon pour parfaire l’anéantissement de mon être … 

Ensuite et surtout, l’incarcération indigne dans une armoire surpeuplée, pliée en quatre, soumise à la promiscuité humiliante de moult camisoles résignées ...

C’était trop ! 

J’ai explosé, crevant le toit de la maison, explosant les fenêtres, dans un envol libératoire, au risque de finir en liquette en loque !

Le souffle amical du vent a gonflé mes pans, faisant de moi une gigantesque voile qui s’est élevée bien haut, au-dessus de ces méprisables petits humains que j’ai trop longtemps du vêtir.

Oui, par ce beau jour venteux, la chemise a rendu son tablier.



(C) Monique THOMIERES  -  30 octobre 2014

jeudi 30 octobre 2014

Histoire de petite feuille



Petite Feuille s’ennuie, attachée à la même branche depuis toujours.

Née verte, elle a jaunie, et la voici marron.

Mais soudain, l’orage gronde, et le vent se lève, et le vent souffle, souffle, souffle, jusqu’à libérer Petite Feuille de son arbre.

Oh ! Je m’envole ! Oh ! Je tombe sur l’herbe tendre !

Les belles fleurs que voila ! Mais je ne puis m’attarder, car le vent m’emporte ailleurs, de petits bonds en petits sauts.

Je vais d’avant en arrière, je tournoie, je virevolte, je pirouette.

Et puis, je m’arrête. Juste sous le regard amical d’un petit être incurvé avec une coquille sur le dos.

Mais le vent revient, le vent est là, le vent m’entraine plus loin.

Un promeneur, que Petite Feuille n’a pas remarqué, a contemplé son périple aventureux.

Il est musicien.

« La feuille d’automne, emportée par le vent … »


(C) Monique THOMIERES  -  30 octobre 2014

lundi 6 octobre 2014

Une ville abandonnée


Un doux Zéphyr soufflait sur cette plage désertée par les touristes. Ils avaient, grappes après grappes, fini par regagner leurs villes laborieuses dont les éclats n’étaient que couleurs factices. Tel un vieillard décati, ne restait que la mer s’échouant sur le sable terne des ennuis d’oubli.

Autour, les ruelles de la vieille ville blanche se refermaient sur elles même, prêtes à s’effacer de cet espace terrestre. Autant rentrer en soi, s’endormir sous terre et attendre la chaleur de l’été, des paroles et de l’effervescence humaine. Le froid, de son long manteau d’hiver frappait déjà à l’orée des portes silencieuses.

Notos regardait cela avec tristesse et lassitude. Sa peine était immense car il ne savait que faire. Lui, le grand, le sage de cette ville, le faiseur de fête et de bombance, le dieu vivant vers qui tout un chacun se tournait pour lui demander aide et conseils. se savait impuissant. Assurément se résigner et s’effacer à son tour.

Mais quelque chose grondait en lui, refusant ce silence et cet abandon. Il était prêt à exploser. Il voulait de la joie, de la vie, de la couleur. Surtout, il voulait revoir Chloé dont il était tombé amoureux. C’était une jeune étudiante qui avait participée à l’organisation de la fête du vent Elle était grandiose à chaque fois et faisait la renommée de la ville et sa fierté.

Oui la revoir, ne serait-ce qu’un court instant et pas seulement en pensées. Elle était si belle et il pensait que leur amour était réciproque même s’il n’avait jamais osé lui avouer le sien. Mais, comme les autres, elle s’en était allée retrouver sa propre vie, le laissant ainsi, corps pitoyable rejeté par son propre dégoût.

Que lui restait-t-il alors, si ce n’est pleurer ? Et naturellement, ce bon dieux de vent qu’il était, s’enivrant de sa propre colère, gémissait dans les rues étroites de la vieille ville blanche.


(C) Philippe BESSE  -  02 octobre 2014

dimanche 5 octobre 2014

Au vent des nuits silencieuses


Au vent mauvais des nuits silencieuses, le bœuf emporte sa corne incrustée d’encornets restés debout sur le ponton des coiffes embrumées.

Peu lui importe, l’insigne blanc gravé d’étoiles fuyant vers cet embarcadère terreux.

Il écorne le cri de sa masse andalouse par Eros, frère de Zéphyr, dont le ventre aérien est licence nue.

Il chevauche le blanc de ce jour outremer et passe en bleu de fuite sur des pas trépidants.

Puis, terrien de nos nuits céphalées, il entonne en vent d’oubli le chant boréal des âges anciens, tissus recouvrant nos corps dépossédés de peaux.

Il poussière en feuilles de nuit les traces de nos mémoires dont les mots s’étiolent dans le souffle chaud de toute vie.


(C) Philippe BESSE  -  02 octobre 2014

samedi 4 octobre 2014

Petite histoire contrariante de courant d'air



- C'était pure folie que de choisir cet endroit avec ce vent à décorner les bœufs!

- Je suis bien d'accord mais vous le savez « qui sème le vent, récolte la tempête. »

A chaque fois c'est la même chose, nous avons beau changer de lieu, nous tombons toujours sur des stations dans le vent, rien n'y fait on dirait bien que nous sommes maudits.

Il est vrai aussi que nous sommes très sollicités car nous sommes victimes de notre notoriété, c'est vraiment dur d'avoir le vent en poupe.

Dès que nous voulons partir ensemble, à peine avons nous fait les réservations, que la situation se déchaîne.

Chaque été c'est la même chose, je n'ai pas fini de donner nos noms à l'hôtelier que le temps s'emballe comme si nous étions épiés. 

Et cela finit par nous coûter assez cher n'est- ce pas Euros?

A croire qu'il est devenu impossible que trois vents bien paisibles comme nous puissent se réunir en retenant leur souffle.

Chaque année, nous nous étions résignés et nous convenions qu'il n'y avait rien à faire et qu'après tout « autant en emporte le vent. »

Mais cette année, j'ai compris qui se cachait derrière ce complot!

C'est zéphyr le coupable, il s'est trahi, j'ai reconnu son souffle.

C'est bien lui qui nous gâche la vie et nous pollue nos vacances en nous distillant systématiquement son ventilateur à bout de souffle sur nos têtes.

Allez! venez! Borée, Euros, on se casse et bon vent.

La prochaine fois nous partirons chacun de notre côté.

Et le Zéphyr devra se partager en trois s'il veut continuer à nous ventiler.

Nous ne nous laisserons plus prendre dans le vent pour notre virée estivale entre vents du même bord.

(C) Philippe GILBERT  -  02 octobre 2014

vendredi 3 octobre 2014

Notos ? Vous avez dit Notos ?



Notos, vent du Sud, tombé dans un obscur anonymat, souffrait de ne plus être dans le vent.

En effet, qui de nos jours se souvenait encore de son nom ?

Parmi ses conscrits, seul cet idiot de Zéphyr, à jamais inapte à décorner le moindre bovidé, jouissait d’un brin de notoriété.

Alors que faire pour que le vent tourne en sa faveur, sinon aller dans son sens ?

Il pensa se lancer dans le cheveu et coiffer de tramontane la tête des peoples ravis de croire qu’ils le valaient bien.

Non ! Mieux encore, il serait écrivain et son patronyme s’étalerait à longueur de jaquettes de livres.

Dans la foulée, il torcha une palanquée de manuscrits.

Oh ! Pas des chefs d’œuvres de la veine d’Autant en emporte le vent, mais des pelletées de mots et de phrases plaisantes à la tartuferie des snobs.

Du vent, en somme.

Et il devint célébrissime …

Comment ? Vous ne connaissez pas Amélie Notos ?
(C) Monique THOMIERES  -  02 octobre 2014

jeudi 2 octobre 2014

Le Vent


François BOUCHER  Junon demande à Eole de libérer les vents (1769)
 
 
Sujet très vaste qui est traité en poésie, en peinture, au cinéma et dans le film d'animation, en particulier chez le japonais Miyazaki (Le Vent se lève).
 
Chez Claude Simon, Le vent est le titre d'un de ses romans; c’est aussi le titre d’une nouvelle de Dino Buzati dans le recueil « le K ».
 
Dans la période romantique, le thème est très fréquent. Le vent c'est le souffle, celui de l'inspiration mais aussi celui de la folie, douceur et violence …
 
Dans cet ensemble énorme on pourrait multiplier aisément les références. Elles fournissent des entrées pour l'écriture, que ce soit un texte, une peinture, une chanson etc …
 
Une entrée par les domaines esthétiques s'impose mais elle n'est pas la seule.
 
On peut aussi jouer sur une entrée climatique et météorologique, ou bien une entrée économique ( il s'agit d'une force au service de … ).
 
Notre vie quotidienne en dépend  (pire que la lune le vent nous influence, en pays de vent d'autan on sait de quoi il s'agit).
 
Enfin on ne peut négliger une entrée mythique : Eole est un dieu grec roi des vents.