mardi 4 mars 2014

La frontière entre réel et fantastique

 
L’art – dont la littérature – se joue des frontières, c’est bien connu. Il ignore, gomme ou transgresse la barrière, franchit, bouscule et dépasse la limite au-delà de la borne et autres marques de territoire. Mais, aussi bien, n’en crée-t-il pas d’autres, mollement ou radicalement nouvelles, prétendues tour à tour personnelles ou collectives, que le Sujet de l’énonciation, (créateur‑récepteur), propose, s’impose malgré lui ou dispose à sa guise
 
Le fantastique
Le fantastique est un registre littéraire qui se caractérise par l’intrusion du surnaturel dans le cadre réaliste d’un récit. Selon le théoricien de la littérature Tzvetan Todorov, le fantastique se distingue du merveilleux par l'hésitation qu'il produit entre le surnaturel et le naturel, le possible ou l'impossible et parfois entre le logique et l'illogique. Le merveilleux, au contraire, fait appel au surnaturel dans lequel, une fois acceptés les présupposés d'un monde magique, les choses se déroulent de manière presque normale et familière. Le fantastique peut être utilisé au sein des divers genres : policier, science-fiction, horreur, contes, romances, aventures ou encore merveilleux lui-même. Cette définition plaçant le fantastique à la frontière de l'étrange et du merveilleux est généralement acceptée, mais a fait l'objet de nombreuses controverses. Le héros fantastique, comme le lecteur, a presque systématiquement une réaction de refus, de rejet ou de peur face aux évènements surnaturels qui surviennent. Le fantastique est très souvent lié à une atmosphère particulière, une sorte de crispation due à la rencontre de l’impossible. La peur est souvent présente, que ce soit chez le héros ou dans une volonté de l’auteur de provoquer l’angoisse chez le lecteur ; néanmoins ce n’est pas une condition sine qua non du fantastique.
Le fantastique en littérature ne doit donc pas être confondu avec le merveilleux (où le surnaturel est posé et accepté d'emblée), avec la science-fiction(qui est rationnelle) ou avec l'horreur, bien que ces genres puissent s'y combiner. Le cinéma fantastique regroupe toutefois le fantastique et le merveilleux et souvent aussi, bien que cela soit critiqué, la science-fiction ou l'horreur.

dimanche 2 mars 2014

Lettre d'amour



Mon cher Helmuth, 

Je sens que tu ne me fais plus confiance depuis que je t'ai livré aux maquisards. 

Mais tu as réussi à leur fausser compagnie, alors, c'est comme si je n'avais rien fait, non ?
Et puis, c'était pour me couvrir ... 

Alors, pourquoi cet acharnement à ne pas vouloir me croire quand je te dis qu'il y a plus de 60 ans que la guerre est finie. 

Au nom des sentiments qui nous lient, je tairai le nom des vainqueurs. 

Helmuth, 60 ans que je n'ai pas vu ton doux visage, mais il est toujours gravé dans ma mémoire. Aussi, je t'en conjure, accepte enfin de quitter ta planque dans la forêt. 

Ne sois pas chien, rejoins-moi à la ville. Les nuits doivent être glaciales avec cette neige. 

A 100 ans, nous avons toute la vie devant nous. 

Je t'attend, Helmuth, à l'endroit de notre dernier rendez-vous, à la porte du jardin. 

Signé : Marinette la tondue


(C) Monique THOMIERES - 23 janvier 2014



Lettre à Dieu




Cher Dieu, 

Au nom de la communauté je vous remercie de vos vœux, évidemment sincères, cela ne pourrait pas être autrement. C'est vrai que la communauté rétrécit ; comme vous savez sûrement nous ne sommes que cinq et la moyenne d'âge est de 70 ans. Nous aimerions avoir des vocations, quelques jeunes femmes, même autour de la quarantaine. Vous ne pouvez pas vous immiscer dans les prières de certaines pour planter la graine de La Vocation ? Vous semblez dire dans votre lettre que nous avons pris un peu de retard dans nos Tweets et sur Facebook mais nous sommes branchées tous les jours entre Nonne et Vêpres. Je suis surprise que vos renseignements ne soient pas à jour, nous n'avons pas attendu vos conseillers sur terre pour être à la page, informatiquement parlant. Nous avons appris à manier l'informatique sur le tas et nous en sommes très fières (pardonnez ce péché mais je le revendique). 

Vous parlez de mobilisation mais dans votre grande sagesse vous savez qu'avec l'âge le corps et l'esprit( pas les vôtres bien sûr!) s'usent. A nos âges nous n'avons pas d'énergie pour les actions telles que « portes ouvertes » que vous suggérez. Permettez-moi de vous dire une chose : j'ai l'impression que vous vous comportez comme un syndicaliste et mes sœurs et moi sommes toutes déstabilisées. Nous continuons à croire que la sérénité que vous avez jusqu’à maintenant prêchée est d'actualité, ce qui n'est plus votre cas, il me semble. Pourquoi ce revirement ? Je me permets de vous parler franchement puisque vous me connaissez depuis une éternité, même si moi je vous connais depuis un peu moins...

Malgré ces petits problèmes d'ordre pratique et théologique les sœurs et moi serons très heureuses de vous accueillir mais pas n'importe où, ni n'importe quand s'il vous plaît. Je sais que vous avez une grande liberté par rapport au temps et àl'espace mais nous avons besoin d'être prévenues un peu en avance de votre venue même avec i-pad, smart phone, tablette, pc ou d'autres gadgets. Au cas où vous n'êtes pas au courant (très improbable j'en conviens) le monastère est équipé de Wifi. 

Nous vous saluons et nous prions que vos orientations modernistes et syndicalistes ne vous détournent du chemin. 


(C) Primrose DUPIC - 09 janvier 2014

samedi 1 mars 2014

Chère ancètre



Merci pour ta missive qui semble venir d'un passé lointain effectivement ; elle a du mettre longtemps pour nous arriver. 

Franchement, nous n'avons pas tout compris dans ce que tu nous écris. 

Tu nous parles de choses qui justement ne nous parlent pas!
Dis-moi Mamie, c'est quoi la guerre de 1870, tu es sûre que tu ne t'es pas trompée de chiffre, ce n'était pas plutôt 1970?

Enfin on te pardonne, à ton âge on peut se tromper...

Et puis la grande guerre, c'est un jeu vidéo?
Sans doute mais lequel ? Sur quelle box?
À moins que cela soit une application? Androïdes ou Apple, Mémé?

Ensuite tu parles d'un mot, d'une activité que nous ne connaissons pas, c'est quoi la lecture?

Et puis Mamie tu parles du progrès!
Mais où vois-tu du progrès ?
Regarde ce chaos, à part les jeux vidéos et facebook?

Il y a du chômage partout, quand on est jeune, il n'y a pas d'avenir en dehors de Pôle Emploi et quand on est plus vieux on est condamné un jour ou l'autre à un plan de licenciement.

C'est ça ton progrès?

Alors nous n'avons pas la même définition des choses.

Enfin, on t'envoie tous nos vœux et surtout profitons bien de cette année car l'année prochaine, c'est sûr ça sera encore pire!

Bises de la génération perdue.


(C) Philippe GILBERT  -  09 janvier 2014

Je ne veux pas dormir



Je m'appuyai contre le mur et fermai les yeux.
Je commençai à compter jusqu'à cent. Lentement, sinon je serai accusé de tricher.
Un ... Deux ... Trois ...

Sept ... Six ... Cinq ... Cinq ...
Qu'est-ce qu'il y a après cinq ? Je ne sais plus. Et puis ça m'est égal. J'ai sommeil.
Le sédatif fait son effet dit une voix. On peut y aller, il dort.
Non, je ne dors pas, puisque je vous entend.
Le chirurgien avance son scalpel.
Non ! Attendez ! Je ne suis pas encore endormi !
La lame touche mon abdomen. C'est froid.
Non !
Le chirurgien me regarde. Il n'a pas de masque. Il ricane. De tous ses crocs.
Assez ! Assez ! J'ai peur !

Quatre ... Cinq ...
J'en ai marre. Jamais je n'arriverai à cent. Je vais accélérer, ouvrir les yeux et glisser un petit regard de côté pour voir où ils ont filé.
De toute façon, ils sont partis, alors ... autant arrêter carrément de compter.

Tu as triché ! Tu as triché !
Ils me bousculent. Ils me font tomber.
Maintenant, je suis allongé sur le sol.
Les uns me tiennent et Pierrot pointe son doigt vers mon abdomen. Je suis très chatouilleux. Il le sait.
Il s'avance encore en ricanant de tous ses crocs car il ne se sépare jamais de son masque de vampire.
J'étouffe ! J'ai peur !

Je ne dors pas encore. Attendez !
Quatre ... Trois ... Deux ...

Allez fiston ! Maintenant, je compte jusqu'à trois et tu t'endors.
C'est papa. Il en a marre de mes insomnies.
Mais je ne veux pas dormir.
J'ai peur.

Car un inconnu me visite chaque nuit dans mes rêves.


(C) Monique THOMIERES - 09 janvier 2014