lundi 6 octobre 2014

Une ville abandonnée


Un doux Zéphyr soufflait sur cette plage désertée par les touristes. Ils avaient, grappes après grappes, fini par regagner leurs villes laborieuses dont les éclats n’étaient que couleurs factices. Tel un vieillard décati, ne restait que la mer s’échouant sur le sable terne des ennuis d’oubli.

Autour, les ruelles de la vieille ville blanche se refermaient sur elles même, prêtes à s’effacer de cet espace terrestre. Autant rentrer en soi, s’endormir sous terre et attendre la chaleur de l’été, des paroles et de l’effervescence humaine. Le froid, de son long manteau d’hiver frappait déjà à l’orée des portes silencieuses.

Notos regardait cela avec tristesse et lassitude. Sa peine était immense car il ne savait que faire. Lui, le grand, le sage de cette ville, le faiseur de fête et de bombance, le dieu vivant vers qui tout un chacun se tournait pour lui demander aide et conseils. se savait impuissant. Assurément se résigner et s’effacer à son tour.

Mais quelque chose grondait en lui, refusant ce silence et cet abandon. Il était prêt à exploser. Il voulait de la joie, de la vie, de la couleur. Surtout, il voulait revoir Chloé dont il était tombé amoureux. C’était une jeune étudiante qui avait participée à l’organisation de la fête du vent Elle était grandiose à chaque fois et faisait la renommée de la ville et sa fierté.

Oui la revoir, ne serait-ce qu’un court instant et pas seulement en pensées. Elle était si belle et il pensait que leur amour était réciproque même s’il n’avait jamais osé lui avouer le sien. Mais, comme les autres, elle s’en était allée retrouver sa propre vie, le laissant ainsi, corps pitoyable rejeté par son propre dégoût.

Que lui restait-t-il alors, si ce n’est pleurer ? Et naturellement, ce bon dieux de vent qu’il était, s’enivrant de sa propre colère, gémissait dans les rues étroites de la vieille ville blanche.


(C) Philippe BESSE  -  02 octobre 2014

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