lundi 7 juillet 2014

Depardieu


Depardieu ou la gastronomie au service du portrait..                   

Les nausées du matin aux arrière goûts acides d’épinards mal digérés me mettent en vrac mon moral de femme enceinte...Battant la crème dans mon esprit mal réveillé, je me concentre, aussi serrée que la tomate sucrée, et au volant de ma Clio démodée, essaie d’éviter sur la route les peaux de bananes cachées…
 
Calée comme un boudoir dans une charlotte entre les pédales et le volant qui me comprime le ventre énorme, j’espère (de toute la force que répartit dans mon corps mon yaourt de brebis trop amer avalé faute de mieux après un réveil laborieux), le soulagement certain que va me donner sous peu mon ostéopathe adulée...
 
Et c’est là que déboule sur le pare choc avant, traversant de biais la route comme un lapin proche du civet, ce motard gargantuesque monté sur sa machine. On se croise, on se touche, la mayonnaise est prise, je klaxonne, récidive, il me suit, me hurle par le rétro des mots hystériques non contenus, cogne au carreau avec rage d’un poing démesuré, mon cœur bat la semoule à plein, il m’insulte, c’est salé, j’ouvre la fenêtre et je le reconnais, là, la patate en guise de nez, le menton en carotte, les joues sous le casque vérolées comme la peau d’un litchi, c’est lui, de par Zeus, c’est Gérard, c’est pas du lard, c’est Depardieu !!...

Attendri soudainement après la violente crise à la vue de mon ventre habité, me caresse les tempes rouges d’émoi et de feu, en répétant comme en tournage « mon amour, pardon, ma chérie, mon amour, excuse moi… » Je bois du petit lait, même sans la protéine…

Plus tard, je lui enverrai le faire part c’est promis…


(C) Marine DE CHARRIN

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