mardi 22 avril 2014

Ton sourire s'est étient à minuit


“Ambivalence, mouvance, identité et porosité, affrontement et conjonction, la frontière parait riche de significations et d'imaginaire. Seuil, ligne, porte, fenêtre, elle se développe dans toutes sortes de motifs qui se marquent tous par leur polysémie, par un jeu sur le passage et la clôture, l'interdit et la liberté. Ce jeu de contraires permanent fait de la frontière un objet séduisant à écrire, car il permet l'interrogation permanente sur l'entre-deux.”

La vitre d’autobus chez Erri de Luca in : pas ici, pas maintenant (Gallimard 2008 folio 4716)





Ton sourire s'est éteint à minuit. Tandis que tu danses ta musique, le trafic s'intensifie jusqu'à ce que les flics déboulent.


« Stop » hurlent-ils à la musique, effrayants en uniforme. « Toi, là-bas ! Suis-nous ! On te reconduit à la frontière ».


Tes lèvres sont mortes à minuit' tandis que les menottes t'enserrent les poignets. Tu repenses à cet ami qui te disait que les flics ce ne sont qu'une passoire. Tu connais ton pays d'origine, si peu... Tu connais le pays que tu as adopté mais qui ne t'a pas admis. Tu ne connais pas la frontière, celle qui n'a pas de visage, qui n'a pas de nom, pas de limites non plus.


Ton regard s'en est allé à minuit. Un pont, un fleuve, même un tunnel, ce pourrait être signe d'immensité, de lointain, de liberté, mais aujourd'hui, qu'est ce que c'est ?


Une reconduite à la frontière ?


Tes yeux se sont mouillés de tant de larmes à minuit. Mais tu as tes mots, ta culture, ta danse, ta musique. Ça ils ne peuvent pas te le prendre. Ça tu l'auras toujours pour toi, et alors ton sourire s'illuminera dans l'aube d'un nouveau jour.


(C) Amélie  VALOIS  -  13 février 2014

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