mercredi 23 avril 2014

L'homme idéal



“Ambivalence, mouvance, identité et porosité, affrontement et conjonction, la frontière parait riche de significations et d'imaginaire. Seuil, ligne, porte, fenêtre, elle se développe dans toutes sortes de motifs qui se marquent tous par leur polysémie, par un jeu sur le passage et la clôture, l'interdit et la liberté. Ce jeu de contraires permanent fait de la frontière un objet séduisant à écrire, car il permet l'interrogation permanente sur l'entre-deux.”

La vitre d’autobus chez Erri de Luca in : pas ici, pas maintenant (Gallimard 2008 folio 4716)


Maintenant l'autobus s'ébranle, tu n'as vu qu'un homme qui te regardait à travers une vitre.


Qu'un homme dis-tu?



J'ai vu bien plus qu'un homme!


C'était une transparence, un reflet magique, irréel!


Il était si près certes inaccessible, tout de même déjà vu mais jamais bien net, toujours un peu évanescent.


J'aurais voulu le voir sous cloche, pour le cerner distinctement, l'examiner sous toutes les coutures pour au moins capter son regard.



Mais non il demeure intouchable et fugace à chaque apparition...


Derrière le vitrage, il reste vitreux souvent déformé, image fragile, toujours virtuelle et furtive.


Il peut apparaître dans un jeu de lumière et aussitôt m'échapper dans une bulle déformée.


Je le vois solide, je le vois liquide, son visage se fait et se défait en contorsions multiples et aléatoires.



Maintenant, j'en suis à l'épier mais en vain car j'ai compris que pour trouver l'homme idéal....s'il existe, peut-être faut-il être la femme idéale et que ma propre image ne soit pas vitrifiée.



Cette quête vaine finira sans doute dans du verre pilé et je ne percevrai même plus un reflet de mon fantasme.



Allez on descend c'est le terminus!






(C) Philippe Gilbert  -  27 mars 2014

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire