jeudi 21 novembre 2013

Naguère




Naguère il fallait un prestidigitateur pour faire sortir un lapin d'un chapeau, aujourd'hui sur une scène, le halo lumineux d'un spot puissant (merveilleuse technologie) peut faire apparaître un renard.

Sur cette scène, il n'y a plus personne, l'homme en frac qui tout à l'heure semblait vouloir parler, s'est éclipsé ; on se croirait dans une mise en scène d'art conceptuel.
Mais qui sont donc ces poètes inspirés qui font venir vers nous une obscure clarté, tombant ici des étoiles ?

C'est alors que défile sur le banc des surtitres l'énoncé suivant : un renard empaillé en cravate blanche ne fait pas le printemps. L'assistance reste de marbre, le spot dégage un léger frémissement.

Aucun mouvement dans la salle (forcément il n'y a qu'une personne immobile).

L'assistant qui est japonais s'exclame : mais c'est un proverbe chinois ! Il s'irrite néanmoins de la présence d'un mot anglais – HELPLESS - largement écrit en majuscules. Les organisateurs n'ont aucune imagination, aucun sens plastique, aucun goût de la surprise, un mot en caractères japonais aurait eu beaucoup plus de présence et de mystère, professe- t - il.

L'homme en frac s'était éloigné, le japonais venait de sortir, la scène était vide, l'obscure clarté se reflétait sur elle-même et l'art conceptuel avait du mal à crever l'écran.


(C) Daniel MARC

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