vendredi 15 novembre 2013

Coralie


Coralie, mon amour, me liras tu jamais?

Je ne sais par quel miracle cette lettre pourrait trouver le chemin de ta boite, mais laisse moi te raconter ce qui m'arrive.

Je me promène dans la Cordillère des Andes. Je suis évidemment correctement équipé pour cette coriace aventure.

Me voici en train d’admirer le paysage, quand, corne bleue! Je croise une licorne. Encore?! C'est déjà la troisième aujourd'hui! Cette fois, j'aurai une preuve. Je dégaine mon accordéon pour prendre la photo qui fera preuve de cette rencontre, qui, vous me l'accorderez, n'est pas banale.

Hélas, déjà l'animal fuit, saute, et m'échappe.

Et me voilà à courir à perdre haleine pour rattraper l’animal fuyard.

Et je souffle, et je râle, et je me bats. Mais il me faut corriger mes ambitions. Mon vieux corps et mes cors aux pieds ne me permettent plus d'avancer à ce rythme. Peine perdue donc, il prend de l'avance. Et je perds le trop rapide unicornu...

« Corais » je pu faire ? L'approcher en douceur? Lui offrir mon stock de raisins de corinthe? Lui parler tendrement? Mais au fait!? ça parle quelle langue une licorne?? Le coréen? Le Mabou? Le sanskrit? Le pécore??

Je laisse là mon échec et reprends ma route.

J'admire la nature et ses corsets sauvages. Si rares, si beaux. Tu adorerais! J'en mettrais ma corde à couper!

Je flâne et avance.

Quand, soudain. Corquin de sort! Une faille! Je trébuche, je tombe, je tombe , et je tombe encore...

Et me voila, plein d'écorchures, coincé au fond d 'un gouffre, jambe cassée, dos douloureux, corps vermoulu, sang qui coule, cortex en vrac...

Je sens la fin.

Je me sens comme un taureau sur une fin de corrida; à bout de souffle, à bout de force, à bout d'envie, à bout de vie.

Se battre encore?

Reverrai je ton sourire? T'embrasserai je à nouveau?, te passerai je jamais la corde au cou? Goûterai je à nouveau tes délicieuses corquillettes au beurre?

Non, c'est fini... Je me meurs, je ferme le rideau, range mon bicorne, me laisse aller et ne résiste plus.

Je me rends, corps et âme..

Adieu mon cordial amour.


(C) Olivier CHAUVELOT

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire