jeudi 9 juin 2016

La maison de Julien




Julien s’étira pour essayer de décontracter ses muscles. Tout son corps lui faisait mal et il se sentait la bouche pâteuse.

- J’ai dû boire pas mal, hier soir, à la teuf. D’ailleurs, je me rappelle plus rien du tout.

Il n’avait même pas la force d’ouvrir les yeux.

- Qu’est-ce que je tiens …

Sa main tâta machinalement les alentours.

- Wouah ! De la soie ! Alors là, une chose sûre : je suis pas chez moi … Et aucun souvenir de la belle que j’ai emballée. Pas une étudiante fauchée, en tout cas. Il faudrait au moins que je retrouve son prénom. C’est vraiment la première fois que j’oublie à ce point une de mes conquêtes. D’autant plus qu’elles ne sont pas si nombreuses … Je n’ai qu’à l’appeler « Ma chérie » ou mieux « Ma petite chérie ». Voila : « Ma petite chérie ! Tu es la fille la plus formidable du monde ! ». Ça va lui plaire.

Sa main remonta le long de son buste.

- Mais je me suis couché tout habillé ! Et ce costume ? Moi ! En costard ! N’importe quoi !
Les copains m’ont monté un bateau ! C’est pas possible ! Je devais être sacrément bourré…

Bon ! Il faut que je me lève ! Il fait noir comme dans un puits dans cette turne.

En se redressant, il se donna un super coup de tête à ce qui devait être une étagère.

- Ouille !

Il porta la main à son front et son cœur s’arrêta de battre.
Au lieu d’une surface lisse et tiède, ses doigts rencontrèrent une sorte de bande en toile dans laquelle ils s’enfoncèrent sans peine. A la place du haut de son crâne, il n’y avait rien.

Et la mémoire lui revint.

L’air frais du petit matin, les néons de dancing, la pluie fine, le bitume luisant, la démarche mal assurée, les copains qui rigolent, la clé de contact qui hésite à trouver son orifice, le moteur de la moto qui ronfle, la vitesse.

Et puis le terrible éclat des phares du camion.


(C) Monique THOMIERES  -  2015

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