dimanche 12 juin 2016

La chemise de la danseuse



Un jour je réparerai ma chemise, se dit la danseuse, même si elle savait bien que coudre était un exercice périlleux à mener avec des ongles peints longs de trois centimètres (French manucure).

D’ailleurs, rien que de la boutonner, cette chemise, c’était un exploit.

Vingt petits boutons de nacre, c’est sûr, c’était très érotique quand quelque amoureux vous les défaisait lentement, mais avant, pardon, c’était une sacrée épreuve, à vous donner mal à la tête.

D’ailleurs, elle en avait perdu un (de bouton, pas d’amoureux), dans l’escalier biscornu et sombre, aucun moyen de le retrouver.

Et dans ces moments -là, à croupetons dans le noir, les fesses collées aux balustres de la rampe et le nez dans les peluches de la moquette, inutile de dire qu’il ne fallait pas compter sur l’aide de l’amoureux, il s’était carapaté depuis longtemps.

Encore un qui n’était pas doré sur tranche, tiens, avec son odeur d’essence et ses mains baladeuses. Tant pis, ils ne seraient jamais cul et chemise.


(C) Jeanne VIDEAU  -  Novembre 2015

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