samedi 5 juillet 2014

Infidélité cosmique


La lune, qui est le caprice même, regarda par la fenêtre pendant que tu dormais et elle descendit moelleusement son escalier de nuage.

Sur le moment, je ne m'en étais pas aperçu, perdue dans la lecture de la Folle Histoire du Cosmos.

Tu t'étais assoupi de bonne heure sur le canapé du salon.

Et elle ne se contenta pas de rester devant la fenêtre.

Figure-toi qu'elle l'ouvrit et qu'elle pénétra dans la pièce, furtivement, en catimini, sans bruit, en se déplaçant sur son halo.

Elle commença à t'entourer de rayons, à s'approcher, à reculer, à t'éclairer d'un côté; à te remettre dans l'ombre de l'autre.

Franchement, je t'assure que, face à toi, elle jouait de ses formes, tantôt en pleine lune, tantôt de côté en croissant...

Je n'avais jamais vu la lune en contorsion.

Tu étais exposé à une véritable danse du ventre lunaire.

Au début, tu ne t'en rendais même pas compte : ce n'était plus ton heure.

Tu étais descendu de ton horizon, tu avais plié tes rayons enfin c'était fini pour toi, tu étais passé de l'autre côté, plus rien ne comptait, tu dormais.

Mais l'impudente ne se contenta pas de tourner autour de toi, elle commença à t'enlacer dans son halo, en ma présence comme une effrontée!

Cela devenait indécent et toi tu commençais à bouger de plaisir, sous l'emprise de cette planète aguichante qui jouait de sa pâleur sur ton corps alangui et refroidi à cette heure tardive.

Mais jusqu'où allait elle se permettre d'abuser cette planète aguicheuse?

Et toi, à demi inconscient, tu semblais lui dire de poursuivre.

Tu commençais presque à déployer tes rayons après ce coup de lune.

La plus grande jalousie de la constellation m'envahit car il était bien certain qu'elle n'en était pas à son coup d'essai avec toi!


Oui, J'ai compris que tu avais rendez-vous avec la lune, j'aurais du m'en douter avant d' épouser le soleil.


(C) Philippe GILBERT

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