jeudi 24 octobre 2013

Les secrets de la licorne


Un jour, au milieu du désert, une licorne se promène. Elle y est arrivée par hasard, elle ne se souvient plus quand ni comment elle est arrivée là.

Depuis plusieurs jours, elle marche et marche et marche encore. Quand par hasard, elle trouve un accordéon, là, en plein milieu du désert. Elle l’encorne et joue quelques airs.

Alors d’un seul coup, c’est le déclic, elle se souvient du temps où les cornes étaient souveraines, où toutes ces cornes, souvent de couleur sanglante, encornaient les corps laissés à l’abandon.

Le lendemain, l’accordéon toujours dans la corne, elle arrive devant un petit village, petit, très petit, tellement petit que les planisphères les plus détaillés ne se doutent pas de son existence.

Elle avance dans les rues et rencontre, là, comme par hasard, une pécore exposant son corset en plein jour. La licorne en est traumatisée, traumatisée de voir cette espèce de pécore avec son horrible corset, tellement traumatisée qu’elle en tombe raide à cause d’une pierre qui, comme par hasard s’est mise sur son chemin. Elle se redresse difficilement à cause du fichu accordéon encorné dans sa corne souffrante.

Soudain, c’est à nouveau le déclic, elle se souvient de tous ces corps ensanglantés dans les rues à l’époque où les cornes étaient souveraines.

Elle reprend ses esprits et aperçoit une petite écorchure, juste là, au-dessus de son sabot.

Les jours passent et passent, la licorne se retrouve cette fois-ci, comme par hasard, dans une immense ville où la fête est de circonstance.

Elle pense tout bas : « Ouf ! Ici, plus de pécore ! ». Non loin de là, elle entend un orchestre, une banda plus précisément. Elle a envie de l’accompagner avec son accordéon, mais après tant de jours de marche, ce dernier est tellement enfoncé dans la corne, qu’il n’émet plus un seul son ; elle arrive tout de même à l’en extraire, grâce aux soufflets.

Elle continue sa route et tombe sur une magnifique arène où se déroule une corrida. Elle constate que tous les passants ont des cornets à churros et elle souhaite bien évidemment leur en piquer quelques-uns. Tous les spectateurs de la corrida portent, comme symbole de la fête, de magnifiques bicornes de couleurs différentes, un véritable arc-en-ciel.

Quand soudain, c’est encore le déclic pour la licorne, elle se souvient des couleurs de sa ville natale, où toutes les licornes avaient justement un pelage arc-en-ciel. Elle revient à la réalité et voit de loin la banda, qu’elle décide de rejoindre. A ce moment -là, comme par hasard, le musicien jouant du cor fait une terrible chute qui le laisse raide. L’ambulance arrive et tout rentre dans l’ordre, enfin pas tout, il manque maintenant un musicien à la banda. La licorne accourt, folle de joie et remplace le joueur de cor au grand bonheur de la banda.

D’un seul coup, c’est encore et encore le déclic et la licorne se rappelle tout, elle se remémore son appartement au 7ème ciel, elle se souvient qu’elle jouait pour l’orchestre et que tout à coup, il y eut un accident de nuages et qu’elle tomba au beau milieu du désert. Elle se rappelle aussi que les corps n’étaient autres que des cadavres de personnes mortes brutalement.

Les festivités finies, elle rentre chez elle où elle mène à présent une vie paisible et pleine de surprise.

(Les licornes sont peut-être des animaux mythologiques qui font rêver les petites et les grandes filles, mais, dès que le soleil se cache, elles pillent les tombes des plus profonds cimetières, c’est pourquoi les corps ensanglantés sont présents dans leur vie de tous les jours.)


(C) Célia DEVANT-PERROTIN (14 ans)

 

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