dimanche 7 mai 2017

Silence à perpétuité



Je rêve de ne plus craindre ses yeux. Et leurs longs silences.

Il est trop tard pour trouver les mots. La nuit est avancée.

Elle ne pardonnera pas.

Bientôt l'aube.

Je m'y résous

Dans l'immense hall de l'hôtel, tout s'est figé, je n'ose plus respirer. La lumière de l'aquarium projette des arabesques sur son visage blême.

Les lèvres serrées, l’œil seulement, l’œil toujours, par instants, s'incline doucement dans ma direction. Le bleu profond ouvre une porte derrière l'iris, une cachette que je perçois à peine. Île tranquille, paradis de mon émoi.

J'ai dans mes poches mille cartes aux trésors.

Toutes fausses.

Robinson sur le rivage, je dois purger ma peine... Regarder sous la paupière, voir danser en silence les magnifiques poissons et attendre, sans un mot, la rédemption. Si elle le voulait bien, elle me laisserait franchir la mer, pénétrer l'eau de son âme, troublée, frissonnante.

Comme je m'en veux.

Enfin un signe, un son qui me sort de ma torpeur. Un battement de cil.


(C) Julie Narat - 2017


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