jeudi 19 juin 2014

La lune a refermé le jour


La nuit de Battista DOSSI 



La lune a refermé le jour sur un vert d’outre-tombe. Elle a décomposé nos corps pour les offrir en songe à une femme endormie.

Elle déverse alors des plumes sur nos formes primaires les habillant d’un rire tutélaire.

Animaux de la nuit, nous dansons dans un chaos silencieux, tels des pantins pitoyables. Nos corps solidifiés ont pour rouge le sang séché d’un passé à venir.

Par ce vert abreuvoir de rêve, nous allumons la flamme d’un monde autre et fugace.

L’éphémère est fuite de nos propres déroutes et se fait corps matière d’un instant d’ancrage.

En nous s’ouvre alors un sommeil ensablé dont tout corps est tableau de nuit.

La pensée a pour fulgurance une rondeur d’écoute dont l’incendie nous ramène en nous même.

Ville de nos écrits perdus, nous brûlons nos oublis et strions de bleu le tissu de nos peines qui s’habillent d’un blanc d’effacement.



(C) Philippe BESSE – Nuit – 24 avril 2014

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