mercredi 29 janvier 2014

Lettre à mon propre inconnu


Dans le silence de la forêt hivernale, je vous écris d’hier qui n’est déjà plus demain. Je vous écris pour vous dire que le jardin de nos pensées est, malgré la nuit immémoriale, rempli de vie.

Cette vie, je la perçois à travers votre voyage qui nous éloigne l’un de l’autre, alors que la douleur de votre perte m’enferme dans cette chambre lugubre qui suinte de mon propre désarroi.

Vous êtes déjà autre et moi si transparent alors que nos visages ne font qu’un dans cette ville où la neige nous enferme l’un l’autre. Ma vérité c’est ma mémoire qui vacille à vous chercher, à vous découvrir à travers ce chien fidèle qui n’est que le compagnon de ma propre déroute.

Serait-ce cette bougie consumée qui éclaire, d'une lumière en oraison, cette pièce assombrie? Ne s'en dégage, face à moi, qu'un miroir très sale reflétant un visage inconnu; dont l’impression de sommeil n’est qu’une forme de mort gardée secrète.

Je dois vous l’avouer, je ne suis plus qu’un corps à la pensée partie, dont le souffle libère nos vides.

Alors vivez ma propre fuite et devenez ce noir manteau d’envergure.

Oui soyez moi dans l’autre de vous-même.


(C) Philippe BESSE - 23 janvier 2014

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